Echapper à la rechute du burnout

par | Juin 16, 2023

Introduction

Dans mon cabinet de psychologie du travail, une tendance préoccupante se dessine : de plus en plus de mes clients font face à une situation douloureuse, celle de la rechute après un burnout. Cette réalité a suscité chez moi un vif intérêt et une volonté de comprendre les facteurs qui y contribuent. Au cours de mes recherches approfondies, une étude datant de 2022[1] a révélé une statistique alarmante : une personne sur quatre connaît une rechute après avoir déjà traversé un burnout. Ces chiffres sont tout bonnement considérables, n’est-ce pas ?

Il est donc primordial de souligner que le retour au travail après un burnout constitue un moment de vulnérabilité extrême, nécessitant des précautions sérieuses. En effet, sans ces précautions adéquates, le risque de récidive est grand. C’est pourquoi il est essentiel de solliciter un accompagnement de la part de l’entreprise pour une reprise en toute sécurité, ou, si vous avez quitté l’entreprise, de prendre vous-même l’initiative d’être accompagné par un psychologue du travail.

Il est essentiel de ne pas rester seul dans cette démarche. Imaginez-vous en période de convalescence, eh oui ! car le burnout est une maladie, et la période qui suit son apparition est non seulement une période de « reconstruction », mais également de convalescence. Ainsi, afin de prévenir toute rechute après un burnout, il est crucial de mettre en place une approche globale, combinant des mesures individuelles prises par le patient lui-même, tout en impliquant l’entreprise pour soutenir la reprise du salarié.

 Cet article a pour objectif de présenter quelques solutions, tant au niveau individuel qu’au niveau de l’entreprise, dans le but de prévenir la récidive après un burnout. Il est essentiel de comprendre que la responsabilité de ce processus de prévention est partagée et qu’une collaboration entre le salarié et son environnement professionnel est primordiale pour une reprise saine et durable.

[1]  Etude de l’AMS l’Antwerp Management School menée et dirigée par Eva GELUK

1. De la responsabilité du travailleur

1.1 – Accepter le changement

Il faut intégrer et accepter que rien ne sera plus jamais comme avant. Il y a donc un après qui doit forcément être différents de l’avant.

Tout d’abord, Il faut donc du temps pour s’en remettre. La durée varie en fonction de l’intensité du burn-out, de la nature des patients. Et enfin, il arrive qu’il faille batailler contre ceux qui sont tentés de se précipiter dans le travail dès qu’ils se sentent un peu mieux. Il est nécessaire que la cicatrisation soit profonde et pas seulement superficielle comme le dirait François Baumann dans son livre l’après burnout.

1.2 – Se questionner avant le retour au travail

Pendant la phase de repos, vous devez vous interroger sur votre rapport aux autres, au monde du travail, à la reconnaissance sociale mais aussi vous questionnez sur vos modes de fonctionnement et sur le processus qui a donné lieu à cet épuisement. Si ce travail n’est pas fait, vous ne serez pas à l’abris d’une récidive.

1.3 – Se décentrer du travail

Lorsque votre activité professionnelle se répand comme une tache d’huile sur votre emploi du temps, difficile de penser à autre chose, de prendre du recul. Posez-vous cette question : qu’est-ce que je faisais comme activité quand j’avais une vie équilibrée ? De la danse, du chant, de la photo ? Trouver le loisirs indispensable pour une vie équilibrée.

1.4 – Poser des limites

Apprendre à dire non pour ne plus vous surcharger est vital. Se contraindre à ne plus faire des heures à ne plus en finir est impératif ! Apprendre à établir des limites entre le travail et la vie personnelle est encore essentielle.

Rappelez-vous que vous êtes est unique et que chacun réagit différemment au stress et au burn-out. Il est donc important de comprendre ce qui fonctionne le mieux pour vous et d’adapter des stratégies à vos propres besoins et circonstances.

2. De la responsabilité de l’entreprise

2.1 -Avoir un coordinateur

Désigner un coordinateur neutre qui agisse en tant que personne de confiance et qui fasse le lien entre l’employeur et le travailleur semble être une solution efficace pour que la réintégration du salarié se passe bien.

Ce coordinateur est formé aux problématiques du burnout. Il devient la personne de confiance et la passerelle entre le travailleur et l’employeur. Il crée un environnement sûr où le, « nous » domine et non plus « moi et les autres » comme souvent je le constate malheureusement dans les témoignages des personnes que j’accompagne et qui ont repris le travail dans la même entreprise après leur arrêt maladie.

 2.2 – Rôle du responsable hiérarchique

Le rôle du supérieur hiérarchique est crucial, avant, pendant et après l’absence.

Il faut qu’il soit ouvert aux signaux, qu’il puisse donner et recevoir du feed-back et envisager avec le travailleur des adaptations à court et à long terme. Mais ce ne sont pas des compétences innées chez tous les supérieurs hiérarchiques.

Un dialogue ouvert entre l’employeur et le travailleur dans le cadre d’une réintégration semble évident. Pourtant, c’est souvent là que le bât blesse. Dans la pratique, le supérieur hiérarchique ou le responsable RH se retrouve souvent face au travailleur. Parfois avec un sentiment de « moi par rapport à eux ».

Il faut, donc favoriser la sensibilisation à ce sujet, c’est pourquoi j’ai décidé de la proposer aux employeurs.

2.3 – Ouverture sur une évolution

S’il est recommandé d’alléger les exigences en terme de tâches et d’ouvrir sur des perspectives d’évolution pour le salarié au sein de l’entreprise. Le travailleur doit avoir l’impression qu’il dispose de suffisamment d’espace pour développer encore ses compétences et apprendre de nouvelles choses.

Pour aller plus loin

Livre :

apres burnout